Le consortium W3 a publié le 1/10/2009 une version préliminaire de la spécification XSL 2.0, dont XSL-FO, standard typographique de publication sur médias paginés, est un sous-ensemble majeur. Après une adoption à la fois progressive et ciblée dans le monde l'édition technique, la spécification XSL élargit les domaines d'application du langage.
Le langage XSL décrit à la fois la transformation d'objets (XSL-T) et leur mise en forme (XSL-FO), ce qui rend sa perception assez confuse. Il renvoie à l'idée assez problématique d'un lien ténu entre la structure sémantique de l'information et sa forme. Concrètement, les éditeurs de solutions privées de publication assistée par ordinateur, déjà omniprésents sur un marché lucratif, et les utilisateurs des dits logiciels, peu encouragés à complexifier leur activité, considérée comme un art graphique plutôt qu'informatique, appréhendent difficilement un tel concept. Dans l'industrie de l'édition logicielle, l'implémentation d'un standard ouvert présente un risque, parce qu'un tel standard ne garantit pas le conditionnement des utilisateurs, encore moins lorsqu'une solution privée et tape-à-l'œil (telle que Adobe InDesign ou QuarkXpress) bénéficie depuis longtemps d'une grande notoriété.
Le standard ouvert XSL-FO semble toutefois avoir trouvé une niche
, si l'on prend en considération certains domaines industriels dans lesquels l'information dite technique
constitue un capital essentiel. Pour les organisations qui suivent une politique de communication technique normative, ou celles dont les besoins documentaires sont fortement qualifiés, XSL-FO constitue déjà une alternative à Adobe Framemaker. La version 1.0 de la spécification XSL-FO avait d'ailleurs légitimé une classification dualiste dans le domaine de la publication informatisée, en opposant documents orientés forme
(magazines, brochures, journaux et catalogues) et orientés contenu
(manuels, livres, articles et publications techniques).
Après avoir permis la production automatisée de produits documentaires orientés contenus
, XSL poursuit son évolution et offre de nouvelles perspectives, lesquelles laissent espérer un franchissement de la frontière entre documentation technique et documentation infographique. Ce franchissement est nécessaire, puisqu'il devrait enfin épargner au standard XSL-FO l'image de solution limitée plutôt que spécialisée, alors même que les utilisateurs de produits consacrés au Design
sont déjà assurés de pouvoir valoriser un contenu technique grâce à la bénédiction de décideurs industriels un tantinet superficiels (dans la forme, le marketing tient parfois ses promesses). La distribution de guides techniques rédigés avec Adobe InDesign par de grands acteurs informatiques est à ce titre assez révélatrice.
Outre l'extension de plusieurs propriétés, dont celles consacrées à la rotation d'objets, les alignements verticaux ou le contrôle des césures, de nouveaux objets font leur apparition dans la version 2.0 de la spécification XSL-FO, parmi lesquels les lettrines (utilisées dans la presse et les ouvrages littéraires richement typographiés), une nouvelle région de page spécialement conçue pour accueillir des notes de marges (fréquentes dans les ouvrages semi-techniques), et les extensions sur pages multiples (plutôt utilisées dans la presse magazine). On notera cependant que beaucoup de ces nouveautés complètent ou étendent la version 1.1 de la spécification, laquelle est encore inégalement reconnue par les implémentations du standard.
À l'heure actuelle, Apache FOP, la seule implémentation à la fois libre et mature de XSL-FO, même si elle ne reconnaît qu'un sous-ensemble de la version 1.0 du standard, permet d'obtenir des résultats typographiques convaincants. Toutefois, les solutions d'implémentation XSL-FO privées, parmi lesquelles RenderX XEP, RenderX DiType ou Antenna House Formatter, conservent une bonne avance technologique et reconnaissent déjà une partie de la spécification XSL-FO 1.1. Cette dernière introduit des objets complexes, tels que les régions de flux dynamique désignées arbitrairement par l'utilisateur. Les solutions privées demeurent moins coûteuses que les outils traditionnels de PAO et nettement plus productives lorsqu'il s'agit de traiter massivement de grandes quantités d'information structurée. Dans le cas d'une implémentation rapide des spécifications présentes et futures de XSL-FO, la concurrence sur le marché de la publication professionnelle deviendra réelle.