Apple, ma pomme et Moi Edit

2014-01-07 15:20
classé dans humeur, égonomie

logo pomme Dans une diatribe plutôt lucide intitulée Apple ne passera pas par moi, le blogueur Bertrand Lemaire dénonce certains travers de la firme à la pomme et de ses produits, les comparant à un vecteur d'épidémie. De nombreuses réactions vexées de consommateurs des produits Apple (les applemaniaques) laissent supposer que cette dénonciation virulente atteint partiellement ses objectifs en mettant le doigt là où ça fait mal. Mais à quel prix ? Le titre de son billet n'aurait-il pas dû être Apple passera par le Moi ?


EgoEdit

pomme d'or Il est devenu très facile de taquiner les applemaniaques, tant ils sont désormais la proie de critiques ou de moqueries auxquelles l'appartenance à un club très fermé leur permettait jusqu'à présent d'échapper. Leurs réactions, aisément repérables, consistent à justifier leur choix de consommation par la narration d'une expérience personnelle ou professionnelle qu'ils croient unique (alors qu'elle est celle d'une masse), parfois agrémentée d'un exemple superficiel purement individualiste (je, moi), ou encore à sombrer dans une mauvaise foi défensive, révélée par une victimisation patente. Mais les critiques sont en réalité perçues par les utilisateurs de produits Apple comme une atteinte à leur propre image, celle dont la marque les habille en les certissant de simplicité, de qualité, de fidélité, de beauté, d'intelligence. L'applemaniaque se confond dans l'objet, comme si le i qui précède le nom de chaque produit Apple (iChose) renvoyait au Moi de ses utilisateurs (le je français est d'ailleurs l'exacte traduction du i anglais).

SnobismeEdit

trognon de pomme Les acquéreurs de produits Apple réagissent vigoureusement à une dénonciation de plus en plus manifeste de leur consumérisme aveugle et de leur perte d'objectivité. Heureusement, les iChoses renforcent leur ego et leur permettent de prendre leurs distances par rapport à une société ignorante et crasse (la plèbe). Protecteur, Apple véhicule une puissante idéologie, qui garantit à ses disciples l'appartenance à une élite et les préserve du mauvais goût. Acheter un produit de la marque est toujours la juste décision, la faute de goût devant justement être assumée par celles et ceux qui n'ont pas l'intention (ou les moyens ?) de le faire. De fait, une critique à l'égard du bon goût se verra généralement discréditée, au moyen d'un simple mépris, sinon d'une accusation de jalousie. D'ailleurs, c'est bien connu, les pauvres sont des envieux et ne rêvent que de s'élever au-dessus de leur condition, d'avoir enfin la classe. La possession et l'utilisation des iChoses relèvent finalement d'une ostentation de qualités et, par extension, de privilèges, caractéristique du snobisme.

Bêtise ?Edit

Mais plutôt que privilégiés ou nobles, le mot iDiots semble particulièrement adapté aux inconditionnels des produits Apple. Comme le montre le billet de Bertrand Lemaire, auquel bon nombre de lecteurs, piqués au vif par la diatribe dressée contre leur marque fétiche, ont répondu par une insulte,
Attaquer Apple implique de se faire insulter.
Or d'après le Wiktionnaire,
les Grecs utilisaient le mot idiốtês comme on répond toi-même ! à une insulte, avant qu'il ne devienne insultant à son tour.
En tout état de cause, les iDiots sont libres, donc capables, de comprendre par eux-mêmes l'absurdité de la situation qu'ils vénèrent. Comme le disait Jean Giraudoux,
Il ne faudrait pas croire que les idiots soient plus bêtes que les autres.
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