Brant Bjork au Glaz'Art Edit

2013-02-27 13:32
classé dans concerts, zik

Fidèle à ses habitudes, Brant Bjork rendait une petite visite le 19/11/2008 à ses «bros» parisiens pour prêcher une parole baba-punk chaleureuse et haute en couleurs… quitte à créer une dépendance chez les nouveaux petits indiens révolutionnaires, toujours plus nombreux à venir chercher leur dose de musique rock, rarement aussi puissante et intègre que celle-ci.


Pour le public parisien, il semble qu'un artiste aussi «culte» n'ait plus besoin d'être présenté ; ça donne une jolie et étrange confrontation de protagonistes : sur scène, Brant Bjork, vêtu de son élégant treillis patché de chez JesusLovesYou, est accompagné de ses frangins psyché-punk chevelus («the bros») et s'apprête à asséner son rock du désert surpuissant à un public de guérilleros trapus (pratique pour voir le devant de la scène) et anti-sexy (pas de fan de Bon Jovi à l'horizon ?).

Flyer Brant Bjork & Bros Glaz'Art 2008 Rassembler autant de fidèles prouve que le message (s'il en est), situé à la croisée de moult cultures alternatives (skateurs ? amérindiens ? jammeurs ? pasteurs ? punks ?) ou frontalement opposées à toute vague dominante, est délivré. Les vieux fans de la première heure, déjà bercés par le groove rocailleux de Kyuss (mythique formation rockeuse du désert californien où le petit indien officiait en tant que batteur), pouvaient s'enorgueillir il y a une dizaine d'années de partager la rose des sables avec une toute petite tribu d'«élus». Haut les cœurs ! La relève est assurée, les jeunes amateurs de guitare lourde et de délires peace, love, revolución y trouvent aussi largement leur compte. Reste que même après 8 albums (9 avec Ché, curieusement à part et néanmoins formidablement représentatif de son style) et toujours autant (sinon davantage) de succès, Brant Bjork présente respectueusement la recette de son intégrité. Pas là pour vendre son dernier opus ( Punk Rock Guilt) comme l'auraient fait d'autres artistes de la même génération, plus soucieux de leur gloire que de leur talent (allez, QOTSA , au hasard…), BB nous gratifie d'une session cohérente franchement instrumentale, soigneusement composée à partir des titres actualisés de sa discographie (de l'exotique Jalamanta au tubesque Somera Sól, en passant par le révolutionnaire «Sounds of Liberation»), pour mieux restituer un énorme fondu-enchaîné envoûtant. Cette sincérité commence exactement là où on l'attend : ce soir, «on est tous des bros». «Et vous savez ce qui est cool avec les bros ?» [c'est que] «We rock all day…». Flanqué de refrains simples, voire simplistes, de riffs et rythmes incisifs, accrocheurs et ultrarépétitifs, le rock puissant et lancinant de BB & Bros est davantage taillé pour la transe que pour la poésie. Les quelques mots adressés au public y deviennent des messages subliminaux, plongés dans un rock pur, brûlant et hypnotique, une authentique enveloppe sonore dans laquelle on pourrait passer la nuit et déclarer une révolution imaginaire.

Ce soir-là, le Glaz'Art concentrait la source d'énergie la plus chaude de la porte de la villette. C'était bon, ça devait s'arrêter. Le plus rassurant dans l'histoire, c'est qu'avec la fréquence de leurs visites, Brant Bjork et ses Bros nous permettront sans doute de refaire le plein de rock dans moins d'un an (Woodstock Boogie Bar, par exemple ?). Hasta siempre.

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